Saturday, 6 March 2021

Journal Journey 1801 - 20 Nivôse An IX, No 22






The edition can be found in it's entirety at the online library of Bunka Gakuen, I link to the pages below. in the sources section (They don't offer full edition PDF's but high-res JPEGs.) 

No. 22 kicks off on pages 169 ff with a quite extensive paragraphe about Ancient Greek Courtisans we know nowadays as Hetaira 
(ἑταίρα / ἑταῖραι) (and about who's position in different periods and places countless articles have been written and research is ongoing in every possible direction). To me the following paragraph reads interestingly for two reasons: It gives us a glimpse of the level of understanding about Ancient Greece in 1801, but more interestingly - could it be a glimpse into the authors view about society ladies of his own day?
...
    DES COURTISANES 
    Quels tableaux singuliers nous présentent les fastes de l'histoire, lorsqu'ils nous rappellent ces femmes célèbres qui furent la gloire de
Corinthe, la splendeur d'Athènes, l'ornement de toute la Grèce! Pindare osa les chanter; leurs statues et leurs portraits furent places dans les temples des dieux: aux fêtes solemnelles, elles offroient des prieres et des sacrifices publics. 
    Ces femmes étoient des Courtisanes, Chez un peuple voluptueux, maîtrisé par l'amour immodéré du luxe, qui savoit honorer les beaux arts, les cultiver, quelle devoit être l'influence de ces femmes qui, par leur beauté, leurs graces et quelquefois leurs talens, etoient dignes de plaire à la multitude.
    Il y a tout lieu de croire que les Grecs devoient à ces courtisanes ce goût délicat, cet amour de la magnificence, et cette urbanité que l'on admire encore, et que les siècles de la galanterie ont taché d'imiter.
    Tous les siècles ont eu des courtisanes: quelques Rhodopes se sont fait remarquer par le bon usage qu'elles ont fait de leur beauté, de leurs richesses, mais on a vu mille prostituées pour une Aspasie.
    Les courtisanes grecques étoient belles; elles recevoient une éducation soignée; aux charmes de la figure, elle joignoient les agrémens de l'esprit, la vivacité des saillies, la subtilité des reparties; elles brilloient par les attraits d'une coquetterie rafinée, par l'élégance de la parole, par la propreté la plus recherchée.
    Les courtisanes aimoient et protegeoient les beaux arts; elles étoient las favorites de Therpsicore et de Polymnie; elles donnoient quelquefois des conseils aux artistes: avec les philosophes elles traitoient des grandes questions de la politique et de la morale; avec les chefs de l'état, souvent elles étoient appellées au conseil, quelquefois même à l'exécution. Cependant, il faut l'avouer, ces femmes avoient corrompu l'esprit public: elles nous donnent l'idée la plus défavorable des loix, de la religion, des vertus civiles et morales des anciens Grecs, et ce qui etonne encore plus, c'est que ces peuples se croyoient républicains et philosophes.


http://digital.bunka.ac.jp/kichosho/file/No.414/414-0005-048.jpg 
Detail of Gravure 272


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Followed on page 170 by "Portrait de Laure" - put to the melody of "Bouton de Rose". I love these chansons put to know melodies, but I can't help trying to figure out the real person behind "Laure". 



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And on to a subject what is of interest to me - a lamento about libraries, the loss of good taste, the rise of insipid publications and the hope for an improvement. Makes me wonder what would the writer think about todays media, spanning from websites and blogs to content platforms like Instagram or TikTok? 
Pages 170 & 171
...
    DES BIBLIOTHÈQUES
    La bibliomanie fut, il y a quelques années, une passion à la mode; elle avoit au moins quelque chose de noble. Souvent, il est vrai, elle donnoît à l'ignorant un air scientifique, mais elle favorisoit les opérations mercantilles du libraire, elle encourageoit les vrais talens.
    Les bibliomanes d'autrefois formoient des vastes bibliothèques qu'ils consultoient rarement, mais leur orgueil étoit satisfait. On voit aujourd'hui un petit nombre de gens passionnés pour les bons livres; une multitude infinie lit avec avidité ces romans que le besoin, chez les auteurs, multiplie, que dicte le mauvais goût, qui gâtent l'imagination, et portent un coup mortel aux bonnes moeurs.
    On n'a jamais tant écrit de riens, et ces riens trouvent des acheteurs, tandis que les ouvrages scientifiques gissent dans la poussiere, chez le libraire qui les changeroit volontiers pour des recueils de calembourgs ou d'anecdotes scandaleuses.
    On lit un peu dans les boudoirs le roman nouveau; et par un contraste plaisant, tout-à-tour Eglé parcourt l'écrit scandaleux, l'ouvrage libertin, et les volumes nombreux de ce roman, que crée le génie sombre des anglais. 
    On lit quelquefois chez les gens désoeuvrés, le journal insignifiant, la gazette insipide, la feuille éphémère. Les journaux ont fait des savans, des politiques.... à la moderne.
    On ne lit plus chez les parvenus; acquérir, obtenir et jouir, voilà leur unique occupation. La science qui augmente les fortunes vaut bien pour eux celle qui n'enrichit que l'esprit.
    On aime à voir dans les mains de la jeune fille le joli roman qui l'intéresse, qui fait palpiter son coeur; qui place sur ses joues le coloris de la pudeur. Avec quelle avidité une jeune personne lit un roman d'amour; tour-à-tour timide et hardie, elle ne peut quitter ce roman lugubre, qui transporte son imahination au milieu des tombeaux, sous les voûtes immenses de ce séjour funèbre, le repaire des revenans, des esprits infernaux.
    Les bibliothèques d'une existence moderne sont la réunion de tous les ouvrages futiles, de toutes les niaiseries qu'enfantent le délire des auteurs, la cupidité des libraires, et le mauvais goût du siècle.
    Il existe encore quelques amateurs de belles éditions, de superbes reliures, mais il est de ces bibliomanes comme des avares qui remuent des trésors; dès que leurs yeux sont satisfaits, ils ne desirent plus rien, et ne savent plus trouver d'autres jouissances.
    O paix! viens ramener parmis nous l'amour des beaux-arts, et nous aurons des bibliothèques, de bons livres, et des lecteurs.
B
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Followed by an articles about "Les Circassiennes" - the people, not the fashion named the same way - though with a description of their clothing - You'll find it on pages 172 & 173.
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Followed by an anacreontic on p. 173 what I like to imagine to be addressed to Mme Recamier.
Not just because of the name "Julie" - what her friends called Juliette Recamier - but because of the "simple flower what she uses to adorn her charms"  and who had a circle of admirers but not lovers. 
What do you think?



p.173






    STANCES ANACRÉONTIQUES.

    Oui, c'en est fait, je vais rompre mes chaînes: 
Adieu Julie, amour, graces, beauté; 
Tous vos plaisirs, qui sont aussi des peines, 
Ne valent pas ma douce liberté.

    Viens, dit Bacchus, mon remède est suprême,
Bois et guéris, c'est l'affaire d'un jour.....
Mais plus je-bois, plus je sens que je l'aime;
Bacchus, hélas! s'entend avec l'Amour.

    Lors Apollon; tiens, dit-il, prends ma lyre;
Vénus, Hébé, vont sourire à tes vers....
Julie est tout: fais qu'elle aime à les lire,
Seule à mes yeux, Julie est l'univers.

    Et moi, dit Mars, couvre-toi de mes armes;
Je te rendrai le plus grand des guerriers....
La simple fleur dont elle orne ses charmes,
A plus d'attraits pour moi que tes lauriers.

    Puisqu'aucun d'eux n'a pu rompre tes chaînes, 
Me dit l'Amour, reprends ta liberté;
Arrête, hélas! je préfère mes peines; 
Mon tourment même, est une volupté.

C.J.B. Lucas Rochemont    


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On page 174: A short story about a lost and found glove, in the charming colour of linen grey - what must have belonged to a pretty young lady - at least in the thoughts of the author - and not to someone in her 50ies. 
I pull from this the interesting information of the glove colour - Gris de lin sounds as if it doesn't show spots and sweat too easily, thus a good colour for a glove: 

    LE GANT
    A qui peut-il appartenir, ce gant que j'ai ramassé hier au soir? Ce gant, qui sans doute est désolé de se trouver rélégué dans un coin obscur de ma poche gauche; et de ne plus devoir s'unir au plus joli bras du monde. 
    Un bras arrondi indique certainement une gorge parfaite, une tournure délicieuse; ah! Mademoiselle, vous êtes charmante, et je vous aime à la folie.
    Votre gant, vous ne vous en doutez pas, m'a encore donné bien d'autres renseignemens; l'odeur dont vous l'aviez arrosé le matin, m'a indiqué que vous aviez un petit grain de coquetterie; il n'y a pas de mal à cela, l'excès seul en est mauvais; mais il en faut un peu pour nous plaire, tant nous avons outré la nature.
    Et puis, vous avez un petit coeur bien sensible, bien tendre; une passion douce seroit votre bonheur; vous aimerez (peut être aimez-vous déjà) de la meilleure foi du monde; et c'est la couleur gris de lin[*] de votre gant qui m'a appris tout cela.
    Voyez cependant comme souvent sans y penser, on donne au premier venu la clef de son coeur et de ses secrets! il ne me reste plus qu'à savoir votre nom, et vous seriez bien aimable, si vous vouliez me mettre tout-à-fait dans la confidence. 
    Je serois pourtant bien attrapé, si ce gant appartenoit à quelque douairière, à Madame ***, par exemple, et que maligne comme elle l'est, supposant tout ce que je puis penser, elle voulût me prendre au mot.... Non, non, cela n'est pas possible; car quand on a cinquante ans, on ne porte plus de gants parfumés et gris de lin.
    Il est donc bien certain, Mademoiselle, que celui que j'ai trouvé ne peut être qu'à vous, et que vous seule avez le joli bras qu'il faut pour un pareil gant.
    Jettez-moi celui qui vous reste; je le ramasserai bien volontiers.

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Page 175
A short line of thoughts about false friendship and manners, what reminds me a lot of todays Instagram culture "I follow you, you follow me back, but then I'll mute you" - just in 1801 style. 
Plus ça change, plus c'est la même chose.

    LES VISITES   
    Au tems jadis, quand deux personnes ne se convenoient pas, elles finissoient ordinairement par se brouiller; aujoud'hui ce n'est plus la même chose: on se déteste tout autant, mais on garde le vernis de l'amitié; on s'envoie chaque mois des cartes de visite, et lorsqu'on se rencontre dans le monde, on a l'air d'être fort bien ensemble.
    Il est telle personne que je suis sûr d'ennuyer en allant chez elle, et qui cependant se formalisera si je ne lui fais pas une visite: je saisis le moment où elle sort, je jette une carte à sa porte, et elle me trouve extrêmement poli; on ne peut pas l'être à meilleur marche.


http://digital.bunka.ac.jp/kichosho/file/No.414/414-0005-048.jpg -
Detail of Gravure 272


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Page 176
Doesn't just give us this week's charming gravure, but also some book ads, what I'll just jot down for my own amusement and archiving. The second one could be interesting to reenactors, as it gives instructions for society games. Don't be fooled by the title, the gravure within the book makes it quite clear that those parlour games are NOT directed at the very young.: 

    MÉMOIRES anecdotiques, pour servir à l'Histoire de la Révolution française, publiés par le traducteur de d'Oberon, in-12, l'an 9. Prix, 1 fr. 50c. et 2 fr. franc de port, à Paris, chez Fuchs, libraire, rue des Mathurins, maison Cluny.
    
    LE SAVANT DE SOCIÉTÉ, ouvrage dédié à la Jeunesse, contenant la Description exacte de tous les Jeux innocens qui se pratiquent en Société, avec la manière la plus agréable de les jouer; suivi des penitences qui s'y ordonnent et d'une nouvelle Methode d'écrire les Lettres Secretes et Mystérieuses. Recueil tiré des manuscrits de Madame de B***, avec cette épigraphe: 
    "Des simpes jeux de son enfance,
    "Heureux qui se souvient long-temps.
1 volume in-12; prix 1 fr 50 cent. A Paris, chez Michelet, Imprimeur-libraire, rue Montmartre, no. 224, entre la cour Mandar et la rue Tiquetonne.


Digitised by Bayrische Staatsbibliothek, 
At our disposal thanks to Google.Books


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Now, what many bought this journal for, or also what many look for when reading it today: The Fashion report with the explanation of the plate: 

EXPLICATIONS DE GRAVURE No 272

    Les épis d'or ou d'argent et les réseaux à la Circassienne, en argent ou en jais, ornent toujours les coëffures en cheveux. On se sert de bandeaux clinquans en acier battu, pour faire les traverses des capotes, qui ont conservé la forme oblongue. Le rose et le blanc dominent encore, mais la couleur nouvelle est ponceau[**]. Quelques modistes font, avec des voiles, des Chapeaux parés; ces voiles, montés sur une forme ronde, se retroussent sur le devant. On voit des Canezous à fond de tulle, doubles de florence de couleur; ces canezous ont une ample garniture de tulle, qui imite la dentelle; le tulle est de mode pour les ridicules. On garnit les habits de bal en feuilles de satin, en jais ou en velours. Les chapeaux noirs sont parsemés de jais noir. On emploie toujours des rubans caneles et des rubans peluchés. Les plumes sont blanches. On voit très-peu de fleurs. On a fait quelques Sautoirs en agathe herborisée. Les sautoirs en or tricoté, sont les plus communs.
http://digital.bunka.ac.jp/kichosho/file/No.414/414-0005-048.jpg - Pages 176 and Gravure 272


And because I think it is always interesting to see two different versions of the same print - please see below the print kept at the Rijksmuseums's collection, where the shoes are a pale yellow in contrast to the Jonquil colour of the print at Bunka Gakuen.





Rijksmuseum Inventory No RP-P-2009-2323


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http://digital.bunka.ac.jp/kichosho/file/No.414/414-0005-044.jpg - Titlepage
http://digital.bunka.ac.jp/kichosho/file/No.414/414-0005-045.jpg - Pages 170/171
http://digital.bunka.ac.jp/kichosho/file/No.414/414-0005-046.jpg - Pages 172/173
http://digital.bunka.ac.jp/kichosho/file/No.414/414-0005-047.jpg - Pages 174/175
http://digital.bunka.ac.jp/kichosho/file/No.414/414-0005-048.jpg - Pages 176 and Gravure 272


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* Gris de Lin: un gris de lin - mais si le nom se réfère dans l'époque au couleur de la fibre, ou au gris-violet de la fleur comme dans les nuanciers modernes - cela je dois encore deviner.
Voir également:  https://www.cnrtl.fr/definition/gris
 ** Ponceau: Un des anciens nom de coquelicot est poncel. Donc il s'agit d'un rouge vif, d'un rouge coquelicot.
http://www.cnrtl.fr/etymologie/ponceau
https://fr.wikipedia.org/wiki/Ponceau_%28couleur%29







2 comments:

  1. Was für eine wunderbare Sammlung an Kuriositäten, die wieder mal beweist, dass die Zeit um 1800 eigentlich dann doch nicht so fern ist, zumindest was das menschliche Miteinander betrifft!
    Vielen Dank für's Heraussuchen, Niederschreiben, Ordnen und Teilen...und ja: O paix! viens ramener parmis nous l'amour des beaux-arts, et nous aurons des bibliothèques, de bons livres, et des lecteurs. Unbedingt!

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    1. Immer wieder gerne, ich freue mich immer, wenn ich Neues Altes ausgraben kann. Ich hoffe, die Übersetzungsfunktion tut ihren Dienst, sonst einfach melden, ich könnte mir denken, dass sie bei einigen Schreibweisen etwas zickt.

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